Etude du dépôt de radionucléides par les gouttelettes de brouillards et de nuages sur les végétaux à partir d'expérimentations in situ

Tav, Jackie

Auteur moral
Institut National Polytechnique de Toulouse : INPT
Auteur moral
Pourcelot, Laurent ; Burnet, Frédéric
Année de publication
2017

Pour les besoins du refroidissement de leurs réacteurs, les CNPE1 sont placés à proximité immédiate de cours d'eau ou du littoral. Ils sont de ce fait exposés à des bancs de brouillards, en particulier à l'automne et au cours de l'hiver. Or les modèles opérationnels de dispersion atmosphérique/dépôt, utilisés pour simuler la contamination radioactive de l'environnement à la suite d'un accident nucléaire, considèrent uniquement les dépôts par temps sec et ceux par temps de pluie. Faut-il tenir compte de la présence des brouillards comme terme additionnel de dépôt de radionucléides en cas d'accident nucléaire ? Pour répondre à cette question, une étude expérimentale a été conduite sur plusieurs sites exposés aux brouillards ou aux nuages (principalement la plateforme d'observation atmosphérique de l'ANDRA à Houdelaincourt ainsi que la station de recherche atmosphérique de l'OPGC/CNRS2 au sommet du Puy de Dôme et la plateforme d'étude atmosphérique SIRTA3 de l'IPSL4 à Palaiseau). La collecte d'eau de brouillard et la mesure des quantités d'eau déposées sous forme de gouttelettes sur différents types de végétaux, ont été réalisées respectivement grâce à collecteurs à fils et des pesées de précision. En mesurant le contenu en eau liquide dans l'air ainsi que la masse d'eau déposé sur les plantes, il a été possible de calculer des vitesses de dépôt des gouttelettes de brouillard pouvant atteindre plusieurs dizaines de cm.s-1 dans le cas d'un brouillard composé de grosses gouttelettes (diamètre médian volumique moyen de 20 µm). Ces vitesses élevées mettent en évidence l'importance des processus gravitationnels mais aussi turbulents notamment dans le cadre du dépôt sur des végétaux à structure foliaire tridimensionnelle comme les conifères. L'effet d'auto-écrantage lié à une densité de biomasse foliaire élevée a également été quantifié. Les concentrations en radionucléides à l'état de traces ont montré que l'eau de brouillard pouvait être jusqu'à 20 fois plus concentrée que l'eau de pluie, du fait de la dilution par condensation de vapeur d'eau sur les gouttelettes au cours de leur grossissement. Les mesures des masses d'eau déposées par les brouillards et de la concentration en radionucléides dans les gouttelettes sur le site d'Houdelaincourt, permettent d'estimer ces dépôts habituellement qualifiés d'occultes car trop faibles pour être quantifiés par des pluviomètres ou des radars météorologiques. Sur l'ensemble d'une saison de brouillard, le dépôt occulte de radionucléides a représenté jusqu'à 25% des dépôts par temps secs et par temps de pluie. En cas de rejet accidentel, la présence de brouillard pourrait contribuer à hauteur de 14% du dépôt par temps sec. Ces résultats mettent en évidence la nécessité de prendre en compte ce processus de dépôt pour mieux quantifier les retombées radioactives sur des territoires en contact avec des brouillards ou des nuages (en ce qui concerne les sites d'altitudes), en particulier en situation post-accidentelle. Un schéma simple de type dépôt sec, considérant le diamètre médian des gouttelettes dérivé de la visibilité, permet à minima de mieux simuler le processus de dépôt par sédimentation des gouttelettes. Ces travaux restent à compléter pour quantifier la contribution de la turbulence induite par l'écoulement de l'air au voisinage des obstacles comme des végétaux de grandes tailles et incorporer un schéma spécifique dans les modèles de dépôt.

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