Gérer la forêt française à l'heure du réchauffement climatique
Mayer, Pascal
La forêt française métropolitaine, qui n'a cessé de s'étendre sur des terres abandonnées par l'agriculture depuis la fin du XIXe siècle, couvre aujourd'hui 17 millions d'hectares, soit un tiers du territoire. Les trois quarts de cette forêt sont détenus par plus de trois millions de propriétaires privés, l'autre quart l'est par l'État ou des collectivités. Très diverse géographiquement, elle est essentiellement feuillue et présente une palette d'une dizaine d'essences dominantes et d'une centaine d'essences secondaires. Cette forêt n'est pas menacée de surexploitation, puisque seulement les deux tiers de sa production sont récoltés. Ce qui ne règle en rien la balance commerciale du secteur forêt-bois calamiteuse, au deuxième rang déficitaire derrière celle des produits pétroliers, et accroît le risque de dégâts en cas de survenance d'un aléa, car il y a surcapitalisation de bois sur pied. Elle n'est pas non plus menacée d'accaparement ou d'enrésinement intensif, et les coupes rases, lorsqu'elles sont pratiquées, ne sont qu'une étape de la vie des peuplements, avant reboisement. Mais les peuplements forestiers sont victimes du changement climatique. L'emballement récent de ses conséquences directes (sécheresses, canicules, orages violents...) et indirectes (crises sanitaires, feux) ne leur laisse ni le temps ni les moyens de s'adapter. Le département Santé des Forêts parle de « spirale de dépérissement ». La météo de l'année 2022 en France, caractérisée par de longues périodes de sécheresse hivernale et estivale, des orages de grêle inédits et des canicules intenses, a ainsi provoqué dépérissements et incendies hors normes...</p>
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