Rétrospective d'une prospective énergétique. L'expérience du modèle POLES (2005-2025-2050)
Criqui, Patrick
A Retrospective Look at a 'Prospective Outlook'. The Experience of the POLES Energy Foresight Model (2005-2025-2050)
Les questions énergétiques font partie des sujets les plus régulièrement traités dans la revue <em>Futuribles</em> depuis sa création, tant sous l'angle de l'offre (production, industrie), que sous celui de la demande (consommation, sobriété) ; ceci notamment parce qu'elle se prête particulièrement bien à l'exercice de prospective. De nombreux travaux ont été présentés dans ces colonnes, réalisés tant par des industriels (Shell, Total, EDF...) que par des institutions ou organisations plus indépendantes (Agence internationale de l'énergie, Agence de la transition écologique...). Beaucoup ont la particularité, pour produire leurs scénarios, de faire tourner des modèles permettant d'observer l'évolution d'un système en fonction de celle des variables jugées déterminantes dans le fonctionnement dudit système. Parmi les outils de modélisation énergétique les plus emblématiques, le modèle POLES (<em>Prospective Outlook on Long-term Energy Systems</em>), développé dans les années 1990, nous offre la possibilité de regarder dans le rétroviseur et d'apprécier sa pertinence ou son intérêt pour l'action publique, à la lumière de ce qui s'est réellement produit.</p><p style="text-align: justify;">Patrick Criqui, qui a réalisé de nombreux travaux de prospective énergétique, notamment en s'appuyant sur POLES, présente ici les enseignements de cette rétrospective. Après avoir replacé POLES dans le paysage de la modélisation énergie-climat et dans celui de la prise de conscience croissante des enjeux climatiques, il compare les visions du futur proposées depuis 2005 avec la réalité observée aujourd'hui, ainsi qu'avec les scénarios plus récemment produits à partir du même modèle. Cela lui permet d'en souligner l'intérêt et les limites, ainsi que l'évolution des préoccupations au fil des décennies (poids des enjeux économiques, prise en compte du changement technique, mise en place d'objectifs climatiques, inquiétudes à l'égard des ressources, etc.). Au-delà de l'utilité confirmée de ce type de modélisation, Patrick Criqui relève, en fin d'article, les prochains défis à intégrer pour tenir compte, dans les modèles, de la complexité croissante du système sociotechnique comme des évolutions géopolitiques en cours.</p>
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